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‘Âicha est devenue la femme du Prophète à Makkah, mais elle est allé vivre auprès de lui qu’après l’émigration à Médine.
Au sujet de son mariage, elle a rapporté que peu avant qu’elle quitta la maison de ses parents, elle sortit dans la cour pour jouer avec une amie qui passait : « J’étais en train de jouer sur une bascule et mes longs cheveux flottant au vent étaient ébouriffés… », dit-elle. « Ils vinrent, me prirent de mon jeu et me préparèrent. » Ils la vêtirent d’une robe de mariée faite de fin tissu à rayures rouges de Bahrayn et ensuite sa mère l’emmena à la maison récemment construite où des femmes des Ansars attendaient devant la porte. Elles l’accueillirent en disant : « Pour toujours et dans la joie, soit la bienvenue ! »
Alors, en présence du Prophète , souriant, un bol de lait fut amené. Le Prophète en but lui-même et en offrit à ‘Âicha . Elle refusa timidement mais il insista, elle but et offrit le bol à sa sœur Asma qui était assise à ses côtés. D’autres en burent aussi et ce fut simple et solennel. Il n’y eut pas de fête de mariage.
Son enfance auprès du Prophète
Ses jeunes amies venaient régulièrement lui rendre visite dans son propre appartement.
« J’étais en train de jouer avec mes poupées », dit-elle, « avec les filles qui étaient mes amies ; le Prophète entra et celles-ci se sauvèrent hors de la maison. Il sortit les rechercher et les ramena, car il était satisfait pour ma sécurité qu’elles soient là. »
Parfois il disait : « Restez où vous êtes » avant qu’elles n’aient eu le temps de partir, et il se joignait aussi à leurs jeux.
‘Âicha dit : Un jour le Prophète entra alors que j’étais en train de jouer avec mes poupées – il y avait également un cheval ailé parmi celles-ci- , et il dit : « O ‘Âicha, quel est ce jeu ? » « Ce sont les chevaux de Salomon » dis-je, ce qui le fit rire.
Parfois il entrait et se cachait avec son manteau pour ne pas déranger ‘Âicha et ses amies.
La permission des ablutions pulvérales [At-tayammoum] est descendu de part sa bénédiction
‘Âicha a dit: Nous étions partis avec l’Envoyé d’Allah (pbAsl) pour une de ses expéditions quand, arrivés à Al-Baydâ’ – ou à Dhât Al-Jaych, mon collier se coupa et tomba à mon insu. Le Prophète fit halte pour le rechercher et tout le monde s’arrêta également. Il se trouvait que nous n’étions pas auprès d’un point d’eau et que nous étions en défaut d’eau. Ensuite, les fidèles allèrent trouver Abou Bakr et lui dirent: « Ne vois-tu pas ce qu’a fait ‘Âicha; elle a obligé l’Envoyé d’Allah (pbAsl) et ses Compagnons à s’arrêter bien qu’ils ne soient pas sur un point d’eau et qu’ils n’en aient pas apporté avec eux ». Abou Bakr vint alors me trouver alors que l’Envoyé d’Allah (pbAsl), la tête posée sur ma cuisse, s’était endormi. – « Tu as retenu, me dit-il, l’Envoyé d’Allah (pbAsl) et tout le monde bien qu’ils ne soient pas sur un point d’eau et qu’ils n’en aient pas apporté avec eux ». Et Abou Bakr de continuer à me gronder et de m’adresser tous les reproches qu’il plût à Allah de lui laisser dire, et de me donner des coups de main à la taille. Il ne m’empêcha de bouger que (la peur de déranger) l’Envoyé d’Allah (pbAsl) qui dormait sur ma cuisse. L’Envoyé d’Allah (pbAsl) se leva le lendemain matin et, comme on était sans eau, Allah révéla le verset concernant les ablutions à sec et on les fit. – « O famille de Abou Bakr, s’écria ‘Usayd ibn Al-Hudayr, un des nobles, ce n’est pas la première de vos bénédictions! ». Alors, ajouta ‘Âicha, quand nous fîmes lever le chameau qui me servait de monture, nous trouvâmes le collier sous l’animal ». (Mouslim n° 550)
Après son émigration à Médine
La vie d »Âicha à Médine eut aussi des moments plus sérieux et tourmentés. Un jour, son père et deux compagnons qui étaient restés avec lui attrapèrent une dangereuse fièvre qui était fréquente à Médine à certaines saisons. Un matin, ‘Âicha vint lui rendre visite et fut consternée de trouver les trois hommes couchés, complètement faibles et épuisés. Elle demanda à son père comment il allait et il lui répondit sous forme de vers mais elle ne comprit pas ce qu’il disait. Les deux compagnons lui répondirent également en vers qui lui semblaient n’être que du babillage inintelligible. Elle fut profondément troublée et retourna chez elle pour dire au Prophète : « Ils délirent, ils n’ont plus leurs esprits, à cause de la fièvre ». Il lui demanda ce qu’ils avaient dit, et il fut quelque peu étonné quand elle répéta presque mot pour mot les paroles qu’ils avaient prononcées et qui avaient un sens, bien qu’elle ne l’avait pas complètement saisi alors.
C’était une démonstration de la puissante capacité de sa mémoire, qui, après que les années passèrent, put préserver beaucoup de paroles inestimables du Prophète .
Parmi les épouses du Prophète à Médine, c’était clair qu »Âicha était celle qu’il aimait le plus.
De temps en temps, l’un de ses compagnons demandait : « O Messager de Dieu , qui aimes-tu le plus au monde? » Il ne donnait jamais la même réponse à cette question car il ressentait un grand amour pour ses filles et leurs enfants, pour Abu Bakr, pour Ali, pour Zayd et son fils Usamah. Mais de ses épouses, la seule qu’il nommait était ‘Âicha . Elle l’aimait aussi beaucoup en retour, et voulait souvent être rassurée quant à son amour pour elle.
Une fois elle lui demanda « Comment est ton amour pour moi ? ». Il lui répondit : « Comme le nœud de la corde », voulant ainsi dire qu’il était fort et sûr. A maintes reprises ensuite elle lui demanda comment était le nœud, il lui répondait : « Alâ haaliha – de la même façon… ».
Ainsi aimait-elle le Prophète , et son amour était « jaloux » ; elle ne pouvait supporter l’idée que les attentions du Prophète puissent être données à d’autres plus qu’elle ne jugeait suffisant.
Elle lui demanda : « O Messager de Dieu , parle-moi de toi-même. Si tu étais entre les deux pentes d’une vallée dont l’une avait été donnée en pâture tandis que l’autre ne l’avait jamais été, laquelle choisirais-tu pour faire paître ton troupeau ? » « Sur celle qui n’a jamais été donnée en pâture », répondit-il. Elle dit : « …Et bien je ne suis pas comme tes autres épouses, chacune d’elle avait déjà été mariée sauf moi. » Le Prophète sourit et ne dit rien.
De sa jalousie ‘Âicha dit des années plus tard : Je n’étais jalouse d’aucune autre épouse du Prophète comme je l’ai été de Khadîja parce qu’il faisait constamment allusion à elle, et parce que Dieu lui avait ordonné d’annoncer à celle-ci la bonne nouvelle d’une demeure au Paradis faite de pierres précieuses. Et chaque fois qu’il sacrifiait un mouton, il en envoyait un beau morceau à celles qui avaient été ses amies intimes. Plusieurs fois je lui dis : « C’est comme s’il n’y avait eu d’autres femmes au monde que Khadîja. »
Une fois, alors qu »Âicha s’était plaint et avait demandé à son époux pourquoi il parlait tant d’une « vieille femme Qouraychite » (elle faisait par là allusion à Khadîja), le Prophète fut blessé et lui dit : « Elle fut l’épouse qui a cru en moi quand d’autres m’ont rejeté. Quand les gens m’accusaient de mentir, elle a affirmé ma sincérité. Quand j’ai été abandonné, elle a dépensé sa richesse pour soulager le poids de ma douleur. »
En dépit de son sentiment de jalousie qui néanmoins n’était pas de nature destructrice, ‘Âicha était vraiment une âme généreuse et patiente.
Une fois, le Prophète demeura loin de ses épouses pendant un mois car elles l’avaient attristé en lui demandant ce qu’il n’avait pas. C’était après l’expédition de Khaybar, quand une hausse des richesses aiguisa l’appétit de ceux qui étaient présents. De retour de cette retraite qu’il s’était lui-même imposé, il se rendit en premier à l’appartement d »Âicha . Elle fut enchantée de le voir mais il lui annonça qu’il avait reçu une révélation qui lui ordonnait de leur proposer deux options. Il récita alors les versets suivants : {O Prophète ! Dis à tes femmes : Si vous désirez la vie de ce monde et son faste, venez ! Je vous procurerai quelques avantages puis je vous donnerai un généreux congé. Si vous recherchez Dieu, son Prophète et la demeure dernière, sachez que Dieu a préparé une récompense sans limite pour celles d’entre vous qui font le bien.} (33/28-29) ‘Âicha répondit : « En effet, je désire Dieu, Son Prophète et la demeure dernière ». Et sa réponse fut suivie par toutes les autres.
Elle s’est tenue à son choix pendant la vie du Prophète et après.
Plus tard quand les musulmans ont été gratifiés par d’énormes richesses, elle reçut un cadeau de cent milles dirhams. Elle jeûnait quand elle reçut cet argent… Elle distribua alors la somme entière aux pauvres et aux nécessiteux bien qu’elle n’ait aucune nourriture chez elle. Peu après, sa servante lui dit « Tu aurai pu acheter de la viande pour un dirham -et ne pas distribuer ainsi l’intégralité de l’argent reçu- , viande avec laquelle tu aurai pu rompre le jeûne… » « Si je m’en étais souvenu je l’aurais fait », répondit-elle.
Le Prophète est mort auprès d’elle
L’affection du Prophète pour ‘Âicha dura jusqu’au dernier moment de sa vie. A la fin de sa maladie, il restait chez ‘Âicha , suivant la suggestion de ses épouses.
La plupart du temps il reposait sur une couche, la tête sur la poitrine ou les genoux d »Âicha .
Elle prit le Siwâk (bâton utilisé pour se brosser les dents) de son frère, le mâcha pour le ramollir et le donna au Prophète . Malgré sa faiblesse, il se nettoya les dents vigoureusement avec.
Peu de temps après il perdit connaissance et ‘Âicha pensa que c’était les prémisses de la mort, mais au bout d’une heure il ouvrit les yeux.
‘Âicha a préservé pour nous ces moments de la mort de la créature la plus honoré de Dieu, Son bien-aimé messager , puisse-t-Il répandre Ses meilleures bénédictions sur lui.
Quand il rouvrit les yeux, ‘Âicha se souvint qu’il lui disait : « Aucun Prophète ne mourut avant que ne lui soit montrée sa place au Paradis, et qu’il n’ait eu le choix entre vivre et mourir. »
« Il ne nous choisira pas maintenant… » se dit-elle. Alors elle l’entendit murmurer : « Avec la communion suprême au Paradis, avec ceux sur qui Dieu a répandu ses faveurs, les Prophètes, les martyrs et les justes… »
Elle l’entendit encore murmurer : « O Seigneur, avec la suprême communion – al malaoul a’lâ … » Et ce fut les derniers mots qu’elle l’entendit prononcer.
Petit à petit sa tête devient plus lourde sur sa poitrine, jusqu’à ce que d’autres dans la chambre commencèrent à pleurer, ‘Âicha posa alors sa tête sur un oreiller et se joignit à leurs pleurs.
Dans le sol de la chambre d »Âicha , près du divan où il se trouvait, une tombe fut creusée, dans laquelle on enterra le Sceau des Prophètes. Ce fut une occasion de grand bouleversement et une grande douleur.
Sa vie après la mort du Prophète
‘Âicha survécut au Prophète presque 50 ans. Elle avait été son épouse pendant dix ans.
Beaucoup de son temps, elle l’a passé à apprendre et comprendre les deux plus importantes sources de la guidée de Dieu : le Coran et la Sounnah du Prophète . Elle était l’une des trois épouses (les autres étant Hafsa et Oum Salamah (radhiyallâhou’anhouma)) à avoir mémorisé le Coran. Comme Hafsa elle eut son propre exemplaire du Coran, écrit après la mort du Prophète .
En ce qui concerne les hadiths ou les récits du Prophète , ‘Âicha fut une des quatre personnes (les autres étant Abou Hourayra, Abdoullah ibn ‘Omar, et Anas ibn Malik) à avoir transmis plus de 2 000 récits.
Elle enseigne ses connaissances
D’après `A’icha (qu’Allah soit satisfait d’elle), Masrûq a dit: Un jour que j’étais accoudé chez `A’icha, elle me dit: « O ‘Abû `A’icha! Trois choses, quiconque prétend l’une d’elles aura forgé un grand mensonge sur Allah ». Je lui dis: « Lesquelles? ». – « Quiconque prétend que Muhammad, (pbAsl) a vu son Seigneur, aura forgé un grand mensonge sur Allah ». Etant appuyé sur mes coudes, ajouta Masrûq, je me mis sur mon séant et dis: « O Mère des Croyants! Donnez-moi du temps (pour comprendre) et ne me pressez pas: Allah, l’Exalté, n’a-t-Il pas dit: {Il l’a effectivement vu (Gabriel), au clair horizon, et Il l’a pourtant vu, lors d’une autre descente}. – Parmi les gens de cette Communauté, répondit-elle, j’étais la première à poser cette question à l’Envoyé d’Allah (pbAsl) qui m’avait alors répondu: « Il s’agit de Gabriel que je n’ai vu sous sa forme originelle que deux fois: dont une fois quand je l’ai vu descendre du ciel couvrant de sa grande stature tout ce qui se trouve entre le ciel et la terre ». Puis, `A’icha ajouta: N’as-tu pas entendu ce verset qu’Allah a révélé à Son Prophète: {Les regards ne peuvent l’atteindre, cependant qu’Il saisit tous les regards. Et il est le Doux, le Parfaitement Connaisseur}. N’as-tu pas non plus entendu ce verset: {Il n’a pas été donné à un mortel qu’Allah lui parle autrement que par révélation, ou de derrière un voile, ou qu’Il (lui) envoie un messager (Ange) qui révèle, par Sa permission, ce qu’Il (Allah) veut. Il est Sublime et Sage}. `A’icha poursuivit: Quiconque présume que l’Envoyé d’Allah (pbAsl) avait caché quoi que ce soit du Livre d’Allah aurait forgé un grand mensonge sur Allah. Allah en effet dit: {O Messager, transmets ce qui t’a été descendu de la part de ton Seigneur. Si tu ne le faisais pas, alors tu n’aurais pas communiqué Son message}… De plus, celui qui présume que le Prophète prévoit l’avenir, aura forgé un grand mensonge sur Allah; Allah a dit: {Dis: Nul de ceux qui sont dans les cieux et sur la terre ne connaît l’Inconnaissable, à part Allah}. (Mouslim n°259)
Abou Moussa al-Ash’ari a indiqué que « si nous, compagnons du Messager de Dieu , avions quelques difficultés sur une question, nous interrogions ‘Âicha à son sujet ».
Son neveu Ourwah affirma qu’elle était non seulement compétente en matière de fiqh (jurisprudence) mais aussi en matière de médecine et de poésie.
Plusieurs des compagnons âgés du Prophète sont venus chez elle lui demander conseil au sujet de questions relatives à l’héritage, qui nécessitent un esprit mathématique très habile.
Les savants la considérèrent comme l’un des premiers fouqaha (juristes) de l’Islam, au même titre que ‘Omar ibn al-Khattab, ‘Ali et Abdoullah ibn ‘Abbas .
‘Âicha a non seulement possédé un grand savoir, mais elle a participé activement à l’éducation et à la réforme sociale.
Al-Ahnaf a dit : « J’ai entendu des discours de Abou Bakr, de ‘Omar, de ‘Othman et de ‘Ali jusqu’à ce jour, mais je n’ai pas entendu de discours plus persuasif et plus beau de la bouche d’une autre personne que de la bouche de »Âicha. »
Certains de ses étudiants étaient exceptionnels. Nous avons déjà mentionné son neveu Ourwah en tant que distingué rapporteur de hadiths.
Parmi ses élèves femmes il y avait Oumrah bint Abdir Rahman. Elle est considérée par les érudits comme un rapporteur de hadiths digne de confiance. Elle était la secrétaire de ‘Âicha , recevant et répondant aux lettres qui lui était adressée.
Elle a souvent regretté sa participation à la guerre mais a vécu assez longtemps pour regagner la position de femme la plus respectée de son temps.
Elle est morte en 58 après l’hégire, pendant le mois de Ramadan et pendant qu’elle enseignait.
Elle a été enterrée dans le cimetière qui a pour nom Jannat al-Baqi’ à Médine, à côté d’autres compagnons du prophète .