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Nous commémorons cette semaine un triste anniversaire : cela fait six ans que la population de Gaza subit un blocus par la terre, la mer et le ciel qui impacte tous les aspects de leur vie, tant économique et social que psychologique.Six années au cours desquelles les Gazaouis n’ont cessé de s’enfoncer dans la pauvreté au fil des multiples restrictions de mouvement des biens et des personnes qui leur sont imposées.
En cette sixième année, les voix gazaouies s’élèvent pour nous donner à voir le blocus et ses impacts sur leur quotidien :
L’équipe du Secours Islamique France présente sur le terrain rencontre tous les jours les Gazaouis, hommes, femmes et enfants qui connaissent des conditions de vie ou plutôt de survie extrêmement difficiles et directement conditionnées par les effets du blocus.
Impact 1 : la sécurité
« Les Palestiniens n’ont jamais vécu ce sentiment de sécurité, nous avons peur de tout : une guerre, une crise humanitaire, le maintien du blocus, peur de voyager et de ne pas pouvoir revenir. Ce sentiment de fragilité a augmenté pour moi depuis que je suis mère, je m’inquiète de ce à quoi pourrait ressembler l’avenir de mon fils si la situation reste la même. On dit que Gaza est une prison à ciel ouvert, mais même le ciel se referme sur nous. »
« L’insécurité se ressent même chez soi. Je ne veux pas laisser mes enfants seuls à la maison de peur qu’il y ait des bombardements. L’an dernier, le toit de ma maison s’est écroulé et est tombé sur ma belle-fille enceinte. Elle a été blessée et a fait une fausse couche. »
M. 52 ans, mère au foyer
Impact 2 : le chômage
« Je suis diplômée en ingénierie civil mais je dois travailler dans une branche qui n’est pas la mienne. Avant le blocus, les matériaux de construction entraient de manière régulière à Gaza (…). Mais depuis le blocus, la limitation des importations a mis le secteur entier en danger. »
« Je connais beaucoup de diplômés dans mon secteur qui cherchent du travail là où il y en a. (…) Les autres acceptent de travailler en tant qu’ouvrier, vendeur, chauffeur de taxi… Pour un jeune diplômé, sa vie est suspendue jusqu’au moment où il trouvera un travail et rentabilisera l’investissement qui a été fait sur lui par sa famille. »
S. 30 ans, travailleuse sociale
Impact 3 : l’accès à la nourriture
« Le pouvoir d’achat des Gazaouis est de plus en plus bas, acheter des fruits relève du luxe aujourd’hui. (…) Cette pénurie a un impact énorme sur les enfants notamment, leur problèmes de santé sont de plus en plus nombreux, l’anémie est courante, les familles ne peuvent plus offrir de repas complet à leurs enfants. »
« Je prie pour la levée du blocus afin de trouver enfin à manger pour mes enfants. Ma priorité aujourd’hui est d’éduquer mes enfants, je préfère avoir faim que ne pas les envoyer à l’école. »
R. 42 ans, mère au foyer
Impact 4 : les déplacements
« Les déplacements sont tellement restreints dans Gaza, que nous ne connaissons plus l’autre part de la Palestine. (…) Ceux qui souffrent le plus [de la limitation des déplacements] sont les personnes malades, l’autorisation requise pour voyager à l’étranger est très compliquée à avoir, et même en l’ayant, cela reste difficile. »
« Mon mari aurait dû être soigné hors de Gaza, mais c’était trop tard, sa maladie était bien trop avancée, alors il est resté sans soins ».
F. 50 ans, mère au foyer
Impact 5 : l’accès aux services essentiels
« Le manque d’eau est insoutenable, c’est aussi un stress quotidien, de parfois ne pas pouvoir juste se laver les mains.»
« Nous attendons que l’électricité de la ville soit en route pour cuisiner, sinon nous faisons du feu de bois et nous nous éclairons à la bougie mais cela est vraiment dangereux pour les enfants. Le gaz était moins cher avant le blocus, nous ne pouvons plus le payer désormais. »
S. 19 ans, étudiante
Impact 6 : le moral
« La peur est le sentiment qui m’habite au quotidien. (…) On ne peut pas revenir de ce genre de situation, je me sens dans une impasse émotionnelle. J’ai le sentiment d’être prisonnière dans mon propre pays »
« Les enfants ont peur de quitter la maison. La nuit, ils font des cauchemars. Même les pétards les effraient. Il y a un mois, mon fils en a entendu, il est resté immobilisé de peur pendant dix minutes, je ne savais plus quoi faire pour le rassurer ».
« J’ai le sentiment de tout porter à bout de bras, je fais de l’hypertension maintenant. Mes enfants me demandent des choses normales pour leur âge et je ne peux rien leur donner, j’essaye comme je peux de leur faire oublier la misère. Mon fils a de moins bonnes notes à l’école depuis la guerre de novembre ».