acharite ,acharisme
Acharisme ou l’école acharite (arabe:أشاعرة ašāʿira) est un courant de pensée théologique de l’islam sunnite développée par Abû Al-Hasan Al-Ach`arî (873-935), descendant du célèbre compagnon Abû Mûsâ Al Ash’arî, issu de la tribu yéménite des Ash’arites. Peu après la naissance de l’école Ash’arite, elle est très vite devenue l’école théologique la plus influente chez les musulmans sunnites (à ne pas confondre avec les écoles de jurisprudence).
D’abord adepte du mutazilisme étant disciple d’Al-Jubbâ`î, Al-Ashʿarî s’en sépara au moins sur deux points essentiels:
* Il récuse la thèse du libre arbitre, et reprend celle de la prédestination.
* Il réfute la thèse des mutazilites affirmant que le Coran est contingent et créé; il reprend alors et théorise la position de Ahmad Ibn Hanbal et de l’ensemble des traditionnistes.
Sa théologie est influencée au départ par les thèses de Abd-Allâh Ibn Kullâb. Il se différentie des traditionnistes par le besoin d’ajouter le raisonnement à la révélation contenue dans le Coran et la sunna. Cette méthodologie de raisonnement théologique est appelé kalâm.
L’acharisme fut ensuite repris par Abû Hamid Al-Ghazali (mort en 1111) qui sur le point de la prédestination, prend le contre pied de la position des mutazilites. Dieu n’a de compte à rendre à personne et n’a à se soumettre à aucune loi, l’univers est parfait comme il est sans que rien ne puisse y être amélioré. La condition de chaque humain n’est l’objet d’aucune injustice car ce serait contraire au principe de la justice divine : les misères de la vie terrestre sont certes des pertes sur terre, mais elles sont aussi des gains dans l’au-delà. Sans la nuit, le jour n’aurait pas de valeur. Sans la maladie, la santé ne serait pas si appréciable. Si l’imperfection n’avait pas été créée, la perfection resterait inconnue.
Dans son ouvrage intitulé La ruine de la philosophie. Il s’agit de prendre le contre-pied de la philosophie rationnelle grecque. Son influence est très profonde sur tout le monde musulman jusqu’à notre époque. Averroès (1126-1198) riposta avec La ruine de la ruine.
L’acharisme a été surtout propagé par la dynastie des Almohades au Maghreb et la dynastie ayyoubide au Machrek.
Lorsque Atatürk renversa le khalifat Ottoman en 1924, il se méfiait tellement de la pensée acharite, très influente à l’époque en Turquie, qu’il fit interdire l’édition en turc moderne (en caractères latins) des œuvres de l’imam Al-Ghazali.