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1 – L’école Hanafite : fondée par Abû Hanîfa Annu‘mân (80-150 AH), cette école est apparue en Irak, à Kufa et s’est répandue à Bagdad. Elle a adopté les méthodes de son fondateur et celles des maîtres de cette école après lui comme Abû Yûsuf et Abû El Hassan. Ses fondements comprennent, en plus du Coran et de la Sunna, l’istihsân, al ‘urf (la coutume) et qawl as-sahâbî (les paroles des compagnons du Prophète). Cette école est caractérisée surtout par l’utilisation de la raison et de l’opinion : Ar-ra’y. Elle est considérée comme l’école la plus libérale car le contexte de son apparition est lié à une société très complexe avec beaucoup de nouveaux besoins. Elle est répandue de nos jours en Afghanistan, en Inde, en Turquie, en Iran, en Syrie, en Russie et en Chine.
2 – l’école Malékite : elle a été fondée par Mâlik Ibn Anas (93-179 A.H) (le Savant de Médine comme l’a prédit le Prophète paix et salut sur lui) . Apparue à Médine, cette école met l’accent sur l’avis des compagnons du prophète et sur la pratique des médinois (‘amal ahl al madîna), ces derniers étant les descendants des compagnons du prophète. Elle donne aussi une place importante aux coutumes de la société s’ils ne contredisent pas la loi divine ainsi qu’à l’établissement des normes juridiques à partir de l’intérêt général de la société, appelé al masâlih al mursala. On reviendra plus loin en détail sur cette école.
L’imam Mâlik était réputé pour sa narration du Hadîth, il est considéré comme l’un des meilleurs en la matière.
Les ouvrages de référence de cette école sont, entre autres, le Muwatta’ (la voie rendue aisée) (premier recueil de Hadîth et de Fiqh en Islam) de l’Imâm Mâlik et la Mudawanna, un recueil des avis juridiques de Mâlik qu’a compilé son élève Sahnûn Ibn Saïd At-tanûkhî. La plupart des disciples de l’Imâm Mâlik sont partis en Afrique du nord et en Espagne. Cette école s’est répandue en Andalousie, au Maghreb, en Afrique subsaharienne, aux Emirats,au Koweït, à Bahreïn, au Soudan, et au Khurâsân.
3 – l’école Shâfi‘ite : elle a été fondée par Muhammad Ibn Idriss Ash-shâfi‘î (150-204 A.H) qui a vécu à la Mecque, puis en Iraq avant de s’installer en Egypte. Il a apprit le fiqh selon l’école malékite puis plus tard selon l’école Hanafite. Son école s’est positionnée entre l’école hanafite qui prime l’opinion personnelle (ar-ra’y), et l’école malékite qui se base essentiellement sur la sunna. Pour les Shâfi‘ite, la sunna est valorisée comme source de droit et une grande importance est donnée au consensus de toute la communauté (Ijmâ‘). Cette école s’est répandue en Egypte, au Yémen, et dans certains pays de l’Asie comme l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande.
4 – l’école Hanbalite : elle a été fondée par Ahmad Ibn Hanbal (164-241 A.H). Elle est pratiquement née du conflit qui a opposé Ibn Hanbal aux Mu’tazilites (rationalistes hellénisants passablement intolérants) et aux autorités politiques qui soutenaient alors les Mu’tazilites. La réputation d’Ibn Hanbal s’est forgée durant ces événements au cours desquels il fut persécuté et emprisonné sans jamais se renier. L’Imâm Ibn Hanbal est considéré par un grand nombre d’ouléma (savants de la loi) comme un traditionaliste (homme de hadîth) plutôt qu’un juriste. Ibn Hanbal n’était pas d’accord avec son maître Ash-shâfi‘î pour ce qui est de l’utilisation de l’opinion personnelle. Il a primé le hadîth du prophète auquel il a dévoué un recueil appelé « al musnad » et qui comprend environ 40.000 hadîths. Cette école adopte l’interprétation apparente (Zâhir) du Coran et de la sunna et rejette le raisonnement par analogie sauf dans des cas rares.
Ibn Hanbal se méfiait donc du ra’y (opinion personnelle) et du qiyâs (analogie), car, selon lui, ils avaient ouvert la porte à l’hérésie mu’tazilite, source d’innovations pécheresses et de division de la communauté.
Cette école se développa et ses missionnaires apportèrent leur madhhab dans des contrées lointaines, notamment dans le nord de l’Iran où allait naître le Sheikh Abd al-Qâdir al Jilânî (mort en 1166 ap. J.-C.), grand organisateur du soufisme confrérique.
Un siècle plus tard naissait le théologien Ibn Taymiyya (mort en 727 H.: 1328 ap. J.-C.).
Ibn Taymiyya et son disciple Ibn Al-Qayyim étaient les principaux défenseurs de cette école. L’approche d’Ibn Taymiyya est sensiblement différente de celle du fondateur Ibn Hanbal.
Ibn Taymiyya a fait beaucoup de travaux juridiques autour de l’école hanbalite et a eu des positions radicales par rapport à certains sujets[1]…Il va donner naissance à ce que certains historiens appelleront : la Salafiyya (salafisme) At-taymiyya.
A cause de sa rigueur méthodologique et sa restriction de l’ijtihâd (effort juridique), l’école de l’Imâm Ahmad, bien qu’authentique (comme les trois autres écoles), n’a pas connu une grande expansion si ce n’est après son adoption par le Royaume d’Arabie Saoudite: un hanbalisme réformé entièrement exotériste (donc différent de l’école hanbalite de base) va régner ensuite en Arabie, se radicalisant de plus en plus et excluant l’Ijtihâd et tout compromis avec la modernité: ce qui va être appelé le salafisme Wahhabite (du à Muhammad Ibn ‘Abdel Wahhâb) qui s’est renforcé encore plus après la chute du Califat ottoman et grâce au pétro dollar.
Abu Hanifa Al-Nu’man Ibn Thabit
Nu’mān ibn Thābit ibn Zūṭā ibn Marzubān
(arabe:نعمان بن ثابت بن زوطا بن مرزبان), mieux connu par sa kunya Abou Ḥanīfah, (أبو حنيفة) (767-702), fut un célèbre juriste musulman et fondateur de l’école hanafite de droit musulman.
On le désigne parfois sous le nom de «plus grand imâm» (al-Imâm al-A’zam, ar. الإمام الاعظم).
Abu Hanifa (bien qu’il n’ait pas eu de fille dénommée Hanifa, cet adjectif épithète signifie le pur dans la croyance monothéiste) naquit à Koufa pendant le règne de `Abdul Malik ibn Marwân qui avait pour gouverneur d’Irak Al-Hajjaj ibn Yusuf.
Élevé dans la religion musulmane, parlant perse et arabe, le jeune Abou Hanîfa était destiné à suivre les traces de son père, commerçant à Koufa. C’est ainsi qu’avant sa vingtième année, il créa et fit prospérer un atelier de tissage de la soie.
Sa rencontre avec le célèbre imâm al-Cha’bî qui vit en lui des signes d’intelligence, le poussa à étudier auprès de savants de la religion.
Il s’initia d’abord à la philosophie et au ‘ilm al kalâm avant de les délaisser au profit de la littérature, la généalogie, l’histoire de l’Arabie, et surtout à la science du fiqh et du hadith.
Il eut l’occasion de rencontrer d’autres tabi’îne et savants tels que Dja’far al-Sâdiq ou l’Imam Malik au cours de ses nombreux voyages qui avaient pour but de parfaire sa connaissance.
La mosquée de Koufa en 1915
Il est ainsi établi qu’Abu Hanifa obtint sa connaissance principalement de son maître Hammad ibn Abi Sulayman, qui succéda Ibrahim an-Nakha’i, qui succéda son oncle ‘Alqamah ibn Qays an-Nakha’i, qui succéda à Abdullah ibn Mas’ud, envoyé à Koufa par le deuxième calife de l’islam Umar ibn al-Khattab.
Il étudia pendant 18 ans sous la direction de Hammad, et bien qu’il devînt compétent pour enseigner, il resta son humble étudiant jusqu’à sa mort en 742 où Abou Hanifa reprit le flambeau à l’âge de 40 ans. Il tenait d’ailleurs ses cours au même endroit que ses prédécesseurs depuis Abdullah ibn Mas’oud.
Il avait une méthode d’enseignement originale qui était basée sur la Shûrâ. Confronté à une question juridique, il ne donnait pas la réponse directement mais exposait la question à ses disciples pour que chacun propose une solution argumentée. Puis, il commentait les propos de ceux-ci, en rectifiant ce qui méritait de l’être, et enfin, au terme de la discussion, il montrait les différents aspects du problème et donnait alors seulement les éléments de réponse qui étaient alors enregistrés. Cette approche interactive est la caractéristique de l’école hanafite.
Abou Hanîfa aidait parfois financièrement ses élèves, parmi lesquels son fidèle disciple et continuateur Abou Yûsûf.
En 763, Al-Mansur, le deuxième monarque abbasside, lui offrit le poste de Juge suprême de l’État (Qadi Al-Qadat), il déclina son offre et son élève Abou Yûsûf y fut placé. Un peu auparavant Ibn Houbeïrah, gouverneur de Koufa lui proposa aussi le poste de qadi, qu’Abou Hanifah refusa également.
Il est rapporté qu’en réponse à Al Mansour, Abou Hanifa rétorqua qu’il ne se sentait pas de taille pour le poste; et Al Mansour, sachant pour quelles raisons il lui avait proposé ce poste, se mit en colère et l’accusa de mentir. Ce à quoi Abou Hanifa répondit: «Si tu dis vrai (c’est-à-dire au sujet du fait que je suis un menteur), alors il est évident que je ne suis pas compétent pour le poste de juge. Et si c’est moi qui suis dans la vérité, alors je confirme que je suis incompétent.»
Outré par sa réponse, le monarque le fit arrêter, emprisonner et torturer. Même en prison, l’indomptable juriste continua d’enseigner ceux qui étaient autorisés à le voir.
C’est ainsi qu’Abou Hanîfa mourut le 11 Jumâdah Al-Oûla 150 A.H. (14 juin 767) en prison. Il est dit que tant de personnes participèrent à sa prière mortuaire (janazah) — près de 50 000 — qu’on dut la répéter six fois avant de l’enterrer.
Plus tard, la mosquée Abou Hanîfa fut construite en son honneur dans la quartier Al A’dhamiyah de Baghdad.
Statut de Tabi`i
Abu Hanifa naît donc 67 ans après la mort du Prophète Mouhammad ( صلى الله عليه و سلم ), quand certains de ses compagnons (sahaba) tels que Anas Ibn Malik (mort en 97 A.H.) ou Abut Tufail Amir bin Wathilah (mort en 100 A.H.) étaient encore vivants, soit quand Abou Hanifa avait 20 ans. Les `Oulama divergent quant à savoir s’il transmit des hadith directement de la part des sahaba, bien qu’il soit attesté qu’il rencontra Anas bin Malik.
L’auteur de al-Khairat al-Hisan rassembla des livres de biographies les noms des sahaba desquels Abou Hanifa rapporta des hadith et les dénombra à 16: Anas ibn Malik, Abdullah ibn Anis al-Juhani, Abdullah ibn al-Harith ibn Juz’ al-Zabidi, Jabir ibn Abdullah, Abdullah ibn Abi Awfa, Wa’ila ibn al-Asqa`, Ma`qal ibn Yasar, Abu Tufail `Amir ibn Wathila, `Aisha bint Hajrad, Sahl ibn Sa`d, al-Tha’ib ibn Khallad ibn Suwaid, al-Tha’ib ibn Yazid ibn Sa`id, Abdullah ibn Samra, Mahmud ibn al-Rabi`, Abdullah ibn Ja`far, et Abu Umama.
Un des hadith qu’il transmit via Anas ibn Malik: «Chercher la connaissance est l’obligation de tout musulman».
Abou Hanîfa est le premier à avoir «défini un ordre légal sur la base d’une interprétation des sources qui fait appel au jugement humain (râ’y arabe: رأْي), non pour se substituer à la révélation, mais pour faire un emploi plus complet des sources révélées. Sa méthode n’est pas seulement exégétique, mais spéculative». En d’autres termes, dans le cadre de la charia, l’école hanafite admet l’opinion personnelle du juge, que l’on appelle aussi le «jugement préférentiel» (istihsân, ar. استحسان), lorsque les sources fondamentales traditionnelles (Coran, sunnah, ijma’ et opinions des sahaba et qiyas) ne permettent pas d’élucider un cas. Cette démarche, ainsi que la décision qui en résulte, doit toutefois «avoir pour base un élargissement de la troisième source du droit, le qiyâs, ou raisonnement analogique».
Cette école est aussi connue pour discuter des problèmes hypothétiques de fiqh, à visée de pouvoir résoudre un problème avant qu’il ne se pose. Les hanafites furent ainsi nommés les Ahl ar Ra’y.
On prête à tort à cette école un éloignement à la science du hadith du fait qu’Abu Hanifah était incompétent dans ce domaine, or son statut dans la science du hadith est attesté par de nombreux spécialistes. Parmi les continuateurs les plus connus de Abou Hanîfa, figurent Abou Yûsûf, Zufar Ibn al-Hudhayl et Mouhammad Al-Chaybânî, ce dernier étant l’auteur du Grand recueil (Al-Djâmi Al-Kabîr) rapportant les traditions de l’imâm.
L’école hanafite a inspiré les systèmes légaux des Abbassides, des Seldjoukides et de l’Empire ottoman. Elle constitue aujourd’hui le rite dominant chez les musulmans non arabophones (Turquie, Balkans, Asie centrale, et une large part du Sous-continent indien).
Ses œuvres
– Kitaab-ul-Aathaar compilé par ses deux élèves Abou Youssouf et Mouhammad Al-Shaybânî et contenant près de 70 000 hadiths.
– Al-Fiqh al-Akbar. L’attribution de cet ouvrage à Abou Hanîfa est contestée par certains hanafites et autres. Son contenu fait appel à des notions qui n’étaient pas connues à son époque.
– Kitaabul Rad ala-l-Qaadiriyah
– Al-‘Âlim wa’l-Muta’allim, qui se présentait sous la forme de dialogues. L’ouvrage semble perdu.
– Musnad Abou Hanîfa, recueil de hadiths réunis en un seul volume par Abou al-Mu’yid Muhammad ben Mahmûd al-Khwârezmî (mort en 665 H). Pour composer cet ouvrage, l’auteur s’est appuyé sur une douzaine recueils de hadiths dans la tradition d’Abou Hanîfa
Mâlik Ibn Anas
Mālik ibn Anas aussi connu par la dénomination Imām dār al Hijrah, l’Imâm de Médine ou plus communément imām Mālik (708/716 – 7961), fut un juriste musulman, traditionaliste et fondateur d’une des quatre écoles juridiques de droit musulman sunnite, l’école malékite.
Les musulmans considèrent qu’il fut annoncé par le Prophète Mouhammad (pbsl) dans un hadîth rapporté par Tirmirdhî1 où il est dit: » Les gens vont aller très loin avec leur monture, et ils ne trouveront guère quelqu’un de plus savant que le savant de Médine. «
On a demandé à l’Imâm Ibn ‘Uyaynah qui était le savant de Médine, et Il répondit qu’il s’agissait de l’Imâm Mâlik Ibn Anas.
Biographie
Son nom complet est Abou Abd Allāh Mālik b. Anas b. Mālik b. ‘Āmir b. ‘Amr b. al-Hārith b. Ghaymân b. Khuthayl b. ‘Amr b. am-Hārith al-Asbahî3, en arabe : أبو عبد الله مالك بن أنس بن مالك بن أبي عامر بن عمرو بن حارث. Il est le fils de Anas bin Malik (pas le sahabi) et de Aaliyah bint Shurayk al-Azdiyya. Sa famille est originaire du Yémen, de la tribu Al-Asbahi. Son grand-père Amir s’installa à Médine après sa conversion à l’islam en l’an deux de l’hégire.
Selon la légende rapportée par Ibn Sa’d, il passa 3 ans dans le ventre de sa mère.
Né à Médine, il connaîtra la transition entre la période des califes omeyyades et celle des abbassides. Cette période d’expansion de l’empire musulman voit apparaître la forte nécessité de juridiction, en particulier dans les nouveaux territoires conquis.
Il commença son apprentissage (Al-Adab) auprès de Rabî’ah ibn Abdir Rahman (Al-Ra’y), qui avait étudié auprès des 7 fuqaha de Médine. Il apprit et mémorisa le Coran très jeune par Abu Suhail an-Nafi’ ibn ‘Abd ar-Rahman (pas le célèbre rapporteur de hadith Nafi’). Il lui autorisa à enseigner aux autres (ijazah). Il étudia le hadith avec Ibn Shihab al-Zuhri, qui était le plus grand muhaddith de son temps; sous Naafi’, l’esclave affranchi de `Abdullah ibn `Omar; ainsi que de Ibn Hurmuz (rapporteur de Abu hurayrah) pendant huit années.
L’Imâm Mâlik fut ainsi l’un des trois rapporteurs exceptionnels constituants la » chaîne d’or » (silsilat oudh dhahâbiyyah) avec son shaykh Nâfi’ et le compagnon ‘Abdullâh Ibn ‘Umar. Al Hâfiz Abû Dâwûd affirma par ailleurs qu’elle était la chaîne de transmission de hadîth la plus sûre, avis également partagé par l’Imâm Al Bukhârî.
Il ne se déplaçait pas beaucoup en dehors de Médine excepté pour le Hajj, et se confina donc largement à la connaissance de Médine. D’autres desquels il apprit furent Hisham ibn Urwah et Jafar al Sadiq
Les historiens s’accordent sur le fait qu’il fut impliqué dans le soulèvement en 762 du descendant d’Ali, Mouhammad b. Abd Allâh al-Nafs al-Zakiyya, contre la calife abbasside Al-Mansûr. Il ne participa pas activement au soulèvement, mais lorsque Mouhammad b. Abd Allâh s’empara de Médine, il rendit avis dans une fatwâ que le serment fait au calife Al-Mansûr pouvait être rompu puisqu’il avait été obtenu sous la contrainte.
Il y avait une loi des Abbasides qui disait que tout homme qui refusait de faire allégeance au califat aurait automatiquement divorcé sa femme. Malik s’y opposa et dit que cette loi était invalide. Son opposition aux lois califales et son rôle dans le soulèvement des Alides (descendants d’Ali) lui valut d’être sévèrement fouetté par l’émir de Médine Dja’far b. Sylaymân en l’an 764, ce qui entraina une déviation de l’épaule qui contribua à accroître sa renommée. On raconte que ses bras étaient devenus incapables de tenir sur sa poitrine; ceci est une des raisons qu’avancent certains pour sa façon de prier pendant le qiyam. Mais la réalité est autre puisque le Sadl (prier avec les mains le long du corps dans le qiyam) est une sunna pour Mâlik et ses disciples qui fut héritée du Prophète de l’islam et des 4 Califes. Il semble qu’il se soit plus tard réconcilié avec le calife. On raconte que quand Al-Mansur apprit la nouvelle il se rendit à Médine pour s’excuser auprès de l’imam et ajouter qu’il ne lui avait pas donné de tel ordre au gouverneur. Il dit même par la suite à ce gouverneur de ne pas instaurer de lois sans consulter l’imam Malik.
Il commença sa compilation de hadith à la requête du calife Abbaside Abu Ja’far al-Mansoor, [754-775 ] qui, selon la légende, voulait un code de lois basées sur la Sunna du Prophète Mouhammad (pbsl) qui pourrait être appliquée dans tout le califat. Toujours selon la tradition, l’imam Malik aurait refusé une fois qu’il l’eut terminé arguant que les Sahaba (compagnons du Prophète) s’étaient dispersés dans tout le califat et avaient pris avec eux d’autres actes de la Sunna non répertoriés par lui, qui se devaient d’être considérés dans toute loi devant être imposée à tous. Le calife Hâroun ar-Rashîd aurait fait la même requête, en vain.
Selon Al-muwatta, livre dont il est l’auteur, l’imam Malik était grand de taille, robuste, à teint clair, des cheveux blonds avec une barbe importante, chauve et des yeux bleus.
L’imam mourut en 796 à l’âge de 85 ans à Médine après une courte maladie. Il fut enterré au Cimetière Al-Baqî de Médine, la prière funéraire (janâzah) fut prononcée à cette occasion par le gouverneur ‘Abd Allâh b. Zaynab. Son tombeau fut surmonté d’une coupole (kubba).Cette coupole sera détruite plus tard par les wahhabites en 1802.
Son œuvre et sa doctrine
Son œuvre principale, le Kitâb al-Mouwattâ’, recense l’ijmâ’ (consensus) médinois au niveau de la loi, du droit, du rite et de la pratique et entend servir de correctif pour ce qui n’était pas encore fixé par l’ijmâ’ et la Sunna. Dans la Mouwattâ il ne prend pas la peine de critiquer l’authenticité les traditions (ahadith) reportées, qui ne seront remises en questions que par des auteurs ultérieurs. De la même façon il omet de citer les chaînes de transmissions (isnâd). Le Mouwattâ ne fut pas directement fixé en une version définitive, il en existe différentes recensions qui varient du fait que l’imam Mâlik n’a pas toujours exactement donné ses enseignements oraux de la même façon et parce qu’on accordait peu d’importance à une reproduction fidèle à l’époque et que l’on préférait laisser une certaine liberté aux variations.
L’imam Mâlik admet, et son école à sa suite, outre le Coran et la Sunna, la «coutume» (urf ou Bil Ma’rouf) médinoise (point sur lequel il était en désaccord avec son ami Al-Layth ibn Sa’d), le consensus (ijma’) des « gens de Médine » (désignant les savants) et le principe de l’utilité générale (istislâh).
Il considère que les exemples de législation coutumière en cours à Médine du temps du Prophète Mouhammad (pbsl) sont des sources de droit musulman à codifier et systématiser.
Ses disciples
L’Imam Mâlik eut de nombreux disciples dont les plus célèbres furent :
– ‘Abd Ur Rahmân Ibn Al Qâssim
– ‘Abdullâh Ibn Wahb
– Ash-hab Ibn ‘Abd Il ‘Azîz Al ‘Âmirî
– Asbagh Ibn Al Faraj
– Asad Ibn Furât Ibn Sinân
– Abd Ul Mâlik Ibn Al Mâjishûn
– Abdullâh Ibn ‘Abd Il Hakam Ibn A’yun
Ses ouvrages
– Al-Mouwatta
– Tafsîr Gharîb Al-Qur’ân Al-Karîm: Interprétation des singularités du Noble Coran
– Kitâb As-Surûr: Le livre de la félicité.*
– Kitâb fî An-Nujûm wa Hisâb Dawrân Iz-Zamân wa Manâzil Il Qamar: Livre des étoiles, du calcul du temps et des positions de la lune
– Risâlah fil Aqdiyah: Traité sur les jugements.
– Risâlah ilâ Ibn Wahb fil Qadar wa Ar Radd ‘alal Qadariyyah: Lettre à Ibn Wahb concernant la prédestination et la réfutation des qadarites.
Al Imâm As Suyûtî rapporta que l’Imâm ‘Abdu Llâh Ibn Wahb écrivit un livre exclusivement composé de paroles de l’Imâm Mâlik intitulé Kitâb Ul Mujâlasât ‘An Mâlik.
Ach-Châfi`î
Abu Abdullah Muhammad bin Idris ash-Shâfi’î (أبو عبد الله محمد بن إدريس الشافعي) a(767, Gaza, Palestine – 820, Égypte), ou imam Al-chafii fut un juriste et savant musulman, fondateur de l’école (madhhab) de droit musulman (fiqh), l’école chaféite. Il appartient à la dynastie des hachémites de la tribu des Quraych.
Histoire
Son père est mort alors qu’il est encore enfant. Sa mère l’élève dans la pauvreté en voulant faire de lui un bon musulman. Il passe beaucoup de temps parmi les bédouins et acquiert ainsi une grande connaissance de la poésie arabe.
Dans sa jeunesse, il se rend à Médine pour étudier la jurisprudence islamique et le hadith sous l’imam Malik. Il y mémorisa complètement le livre Al-Mouwatta et pouvait le réciter de mémoire au mot près. Il y resta jusqu’à la mort de ce dernier en 801. Il s’en alla ensuite au Yémen pour y enseigner et il y fut accusé de tendances chiites en l’an 805. Il put prouver son innocence devant le calife Haroun Al-Rachid qui le fit libérer, en l’exonérant de toute faute. Al-Chafii resta en Irak et étudia quelque temps sous Mouhammad ibn Al-Hassan, le célèbre étudiant de Abou Hanifa.
L’imam Shâfi’î combina en quelque sorte la jurisprudence islamique du Hejaz (malikite) avec celle d’Irak (hanafite) et créa ainsi sa propre école de jurisprudence. Il rassembla les règles en dictant à ses élèves dans un livre nommé Al-Hujja (l’évidence). Cette rédaction se fit en Irak en 810 et certains de ses élèves apprirent son livre et le propagèrent, tels que l’imam Ahmad bin Hanbal et Abu Thawr.
Il se rendit ensuite en Égypte pour étudier sous l’imam Al-Layth ibn Sad, mais ce dernier décéda peu avant son arrivée; il put néanmoins étudier son madhhab de par ses élèves qui y étaient toujours présents.
En Égypte il assimila donc la jurisprudence élaborée par l’imam al-Layth et fit rédiger son al-Madhhab al-Jadîd le nouveau madhhab, par opposition à al-Madhhab al-Qadîm, l’ancien, qu’il avait transmis en Irak à ses étudiants dans un livre qu’il nomme Al-Umm. En effet ce voyage en Égypte le confronta à de différentes méthodes d’analyse de hadith et de raisonnements qui induisirent des changements nombreux de ses avis qu’il avait eu en Irak.
Bien que la carrière d’Ash-Shâfi’î se soit aussi déroulée dans le Hidjâz et à Baghdâd, c’est principalement à la fin de sa vie, à Fustât, en Égypte, que son enseignement fut le plus favorablement accueilli et qu’il eut le plus grand nombre de disciples ayant joué un rôle important dans la diffusion de sa doctrine.
L’imam Al-Chafii est le premier imam à avoir systématisé les principes fondamentaux de la jurisprudence islamique, comme dans son livre Ar-Risâlah.
Ses principaux élèves qui continuèrent son œuvre sont al-Muzani qui en rédige un abrégé, Al-Maradi, Al-Buwayti, Abû Alî al-Hasan az-Za’farânî et Abû Alî al-Husayn al-Karâbîsî.
Critique du conformisme juridique
Dans sa célèbre Risâla, Ash-Shâfi’î s’attaque radicalement au conformisme juridique (taqlîd). Il vise d’une part à discréditer les traditions locales comme sources juridiques, d’autre part à empêcher que l’on cite les avis des grands imams comme arguments d’autorité, sans autre preuve à l’appui que la stature et la renommée de l’auteur. D’après ses biographes, il était lui même contre le fait que l’on se réclame de lui et qu’on fasse de sa doctrine l’objet d’un nouveau conformisme après sa mort.
Oeuvres
– Al-Umm: ouvrage de jurisprudence islamique. Il y a noté ses opinions sur diverses questions, et y a rapporté des débats qu’il a eu avec d’autres oulémas, notamment hanafites et malékites.
– Ar-Risâlah ouvrage de principes fondamentaux de jurisprudence.
– Ses exégèses de certains versets du Coran ont été rassemblés par le chaféiste Al-Bayhaqiy dans un livre intitulé Ayat ul-Ahkam.
Ahmad Ibn Hanbal
Ahmad Ibn Hanbal (arabe : الإمام أحمد بن حنبلal-imām aḥmad ibn ḥanbal), né à Bagdad en 780 (ère chrétienne), mort en 241/855, est un théologien juriconsulte et traditionaliste musulman, fondateur de l’une des quatre grandes écoles juridiques (madhhab) sunnites, connue sous le nom de « hanbalite ». Il est aussi à l’origine de la fondation de l’école théologique islamique (`aqida), l’école atharite.
Biographie
Né d’une famille arabe ayant soutenu Abû al-`Abbas al-Saffah dans sa prise du pouvoir contre les Omeyyades, Ibn Hanbal est le contemporain des deux califes qui ont voulu imposer le motazilisme qui prônait la croyance en la création du Coran. Le calife Al-Ma`mûn, alors en campagne militaire, le fait arrêter et torturer pendant deux ans. Al-Ma`mûn décède avant la rencontre. Relâché, Ibn Hanbal continue d’enseigner à Bagdad jusqu’à ce que Al-Wâthiq qui renouvellera la persécution. De là l’imam arrêtera d’enseigner et se cachera pendant cinq années jusqu’à ce qu’en 847, le calife Al-Mutawakkil revint à la Tradition en rejetant le motazilisme et en expulsant ses savants, mais Ibn Hanbal n’en resta pas moins réservé.
Une doctrine rigoureuse
Après avoir étudié le fiqh et la science du hadith sous différents maîtres à Bagdad (il y suivit entre autres les enseignements de l’imâm al-Châfi’î et d’Abou Youssouf, lui-même disciple d’Abou Hanîfa et reçu des hadîth écrits de Mouhammad Al-Shaybânî) puis en Syrie et au Yémen, Ibn Hanbal s’en émancipe progressivement pour fonder une école de pensée rigoureuse lui paraissant la plus conforme au Coran et à la Sunna.
Questions de droit se rapportant à Ibn Hanbal, manuscrit daté (octobre 879).
On lui doit un important recueil de traditions, le Mousnad (« fondé »), où les ahadîth sont classés suivant les chaînes de transmetteurs, remontant jusqu’à un des compagnons du Prophète Mouhammad, et en fonction de leur authenticité considérée comme « parfaite » (sahîh), bonne (« hasan ») ou « faible » (da’îf). Ibn Hanbal a également écrit des ouvrages de commentaires sur la Tradition et sur les principes moraux dans l’islam, ainsi que des éloges des premiers califes rashidoun, « les bien guidés ». On doit enfin à ses disciples, dont l’un de ses fils, ‘Abdullâh (mort en 903), une compilation des « réponses » qu’il donnait aux questions qui lui étaient posées sur les sujets les plus divers.
La doctrine hanbalite, attachée au strict respect du Coran et de la Tradition, est proche du salafisme. Elle privilégie la lettre par rapport à l’esprit du texte et rejette la tentation de l’innovation (bid’a), le « stratagème » (hîla), et condamne les déviations religieuses et/ou politiques apparues dans l’histoire du califat, à commencer par le kharidjisme et toutes les formes de chiisme, etc.
C’est aussi pourquoi Ibn Hanbal s’oppose à l’école sunnite d’Abou Hanîfa, qui préconise le large recours à la libre opinion du juge ou du commentateur (ashâb al-ra’y), voire aux subterfuges juridiques ou stratagèmes (hilal).
Parmi les élèves de Ahmad ibn Hanbal figurent ses deux fils, Sâlih (mort en 873) et Abdullah (mort en 903), ainsi que l’imam Boukhari, Mouslim, grands savants du hadith et compilateurs des recueils de hadîth éponymes.
Parmi les continuateurs d’Ibn Hanbal, figurent notamment Ibn Taymiyya (1263-1328), qui inspira le théologien Mouhammad Ibn ‘Abd al-Wahhâb, puis l’émir Mouhammad Ibn Sa’ûd. Raison pour laquelle l’école hanbalite est aujourd’hui celle du royaume saoudien.
Le hanbalisme est à l’origine du mouvement réformiste des « Anciens » (salaf).