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Issa (Jésus)

Issa (Jésus)Issa (Jésus)

Issa (īsā, عيسى, Jésus), est le nom sous lequel est connu Jésus de Nazareth dans l’islam. Il y est considéré comme étant l’un de ses prophètes et le Messie.

La façon dont le Coran présente Jésus est en forte opposition avec celle des courants chrétiens trinitaristes. Îsâ dans le Coran serait plus proche de celui du judéo-nazaréisme, une secte juive qui reconnaît Jésus, distincte de l’évolution des dogmes que suivra le christianisme.

Issa (Jésus) est un personnage indissociable dans les textes coraniques de sa mère Maryam (Marie). Il est ainsi souvent désigné sous le nom de al-Masïh (le Messie) `Îsâ ibn Maryam (Jésus fils de Maryam) présenté avec celle-ci comme modèles à suivre.

Issa (Jésus) fait partie des prophètes dits famille de ‘Îmran avec sa mère, son cousin Yahyâ (Jean le Baptiste) et le père de celui-ci Zacharie. La foi populaire musulmane accorde une grande importance à Issa (Jésus) et Maryam (Marie).

L’insistance marquée sur la filiation à Maryam (Marie) est un clair rejet de la filiation divine de Issa (Jésus) ; néanmoins, la tradition musulmane souligne le caractère miraculeux de sa naissance virginale sans père connu, Joseph étant considéré comme un cousin de Maryam. Selon la tradition musulmane, Issa (Jésus) est en effet créé par le kun (le « Sois ! »), l’« impératif divin », et conçu par un rûh de Dieu, souffle divin intemporel insufflé en Maryam, le même souffle qui anime Adam et transmet la révélation à Mahomet.

Dans le Coran, Issa (Jésus) apparait comme un prophète, annonciateur de Mahomet, qui prêche le monothéisme pur, accomplit des miracles, opère des guérisons, ressuscite les morts et connait les secrets du coeur. Issa (Jésus) confirme la Torah, dont il atténue les prescriptions légales, tandis que son Écriture, contenue dans l’Injil (les Évangiles), est présentée comme une « guidance et une lumière » que les chrétiens auraient négligées. Ibn Arabi lui confère le titre de « sceau de la sainteté », « le plus grand témoin par le coeur », tandis que Mahomet est le « sceau des prophètes », « le plus grand témoin par la langue ». Sa prédication auprès des juifs aurait été un échec et il est suivi des seuls apôtres. Les juifs auraient alors voulu le punir en le crucifiant mais Dieu ne l’a pas permis et lui aurait alors substitué un sosie avant de le rappeler à lui. Néanmoins la fin terrestre de Issa (Jésus) reste obscure, aucun passage ne signifiant clairement ce qu’il en est advenu.

La représentation de Issa (Jésus) dans le Coran lui confère également une dimension eschatologique : son retour sur terre, en tant que musulman, est le signe de la fin du monde et du Jugement dernier tandis que beaucoup de hadiths le présentent comme le principal compagnon du Mahdi, Sauveur de la fin des temps.

Issa (Jésus)
n’est pas crucifié selon la tradition musulmane. L’historien traditionaliste Tabarî (839-923) raconte à propos de la crucifixion l’épisode suivant : « Les juifs traînèrent Issa (Jésus) à un endroit où ils avaient préparé une croix pour le crucifier, et un grand nombre de juifs se rassemblèrent autour de lui. Ils avaient un chef nommé Yesûʿa, qui était également parmi eux. Quand ils voulurent attacher Issa (Jésus) à la croix, Dieu l’enleva à leurs regards et donna la forme et l’aspect de Issa (Jésus) à Yesûʿa, leur chef. Quand ils regardèrent, ils virent Yesûʿa entièrement ressemblant à Issa (Jésus), et ils le saisirent. Il dit : « Je suis Yesûʿa« . Ils répondirent : « Tu mens ; tu es Issa (Jésus), tu t’es dérobé à nos regards par la magie ; maintenant la magie est passée et tu es devenu visible ». Il protesta en vain qu’il était Yesûʿa ; ils le tuèrent et l’attachèrent à la croix.Quant à Issa (Jésus), Dieu l’éleva, au ciel comme il est dit dans le Coran : « Ils ne l’ont pas tué et ils ne l’ont pas crucifié, mais ce n’était qu’un faux-semblant ». (Coran IV, 157)[23] ».

Ce que Issa (Jésus) n’est pas.

En définitive, on trouve dans le Coran quatre négations catégoriques concernant Issa (Jésus), par crainte d’associationnisme (shirk) : il n’est ni Dieu, ni son fils, ni le troisième d’une triade — la Trinité étant assimilée au polythéisme —, pas plus qu’il n’a été crucifié car cela aurait été « indigne » d’un prophète de son importance. L’islam considère Jésus comme un prophète parmi tant d’autres, il n’y a aucune différences entre les prophètes de Dieu.

Références :.

Marie-Thérèse Urvoy, article « Jésus », in M. Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 438-441.