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Le Jeûne ; Cas de rupture volontaire et involontaire

Le Jeûne ; Cas de rupture volontaire et involontaire

Allah Taala dit : «  Ô les croyants ! On vous a prescrit as-Siyam comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété, pendant un nombre déterminé de jours. Quiconque d’entre vous est malade ou en voyage, devra jeûner un nombre égal d’autres jours. Mais pour ceux qui ne pourraient le supporter (qu’avec grande difficulté), il y a une compensation : nourrir un pauvre. Et si quelqu’un fait plus de son propre gré, c’est pour lui; mais il est mieux pour vous de jeûner; si vous saviez» (Sourate Al-bakara : 183-184)

Cas de rupture volontaire

Celui qui rompt le Jeûne volontairement sans aucun motif religieux valable (rupture d’un jour, rapport intime…) ou celui qui fait une interprétation non logique et non justifiée pour rompre le jeune, doit rattraper (jeûner plus tard) les jours concernés et réparer pour chaque jour non jeûné, cette infraction selon un des trois moyens suivants : il devra libérer un captif musulman, s’il ne le peut pas, il devra jeûner deux mois successifs ou s’il ne peut pas jeûner ces deux mois, il devra nourrir 60 pauvres ou leur payer en argent l’équivalent de la nourriture prescrite: c’est ce qu’on appelle l’expiation (al-kaffâra) : les malikites préfèrent la nourriture pour l’expiation.


La valeur de cette kaffâra (expiation)
 

Pour la valeur de cette kaffâra(expiation): il s’agit de nourrir chaque pauvre (parmi les 60) pour chaque jour concerné avec un Mudd (1/4 de Sâ’) (environ 600 grammes) de la nourriture majoritaire du pays (blé, orge; maïs..); certains savants (surtout hanafites) ont autorisé de donner la valeur en argent : c’est à dire: si on essaie de faire l’équivalent en monnaie du Mudd: pas moins d’environ 1.5 Euro pour chaque pauvre par jour (estimation 2007)…Mais chez les hanafites il s’agit de deux déjeuners ou deux dîners pour chaque pauvre (parmi les 60) par jour…

Il est permis suivant l’école de jurisprudence Hanafite (Abou Hannifa) d’accomplir la valeur de zakat-el-Fitr en espèce. C’est l’avis aussi de Omar Ibn Abdelaziz le cinquième calife des musulmans et Al-hassan Al-Basri (un grand savant des tabi’ines connu par son savoir et sa piété), d’At-thawrî et tant d’autres. Et donc par analogie [la Fidya et la kaffâra peuvent ainsi être données en argent c’est plus utile pour le pauvre et cela correspond mieux au contexte de l’Europe.


Cas de rupture involontaire
 

Dans les cas de rupture involontaire du jeûne, on répare seulement par le fait de jeûner le ou les jours (où il y a eu cette rupture involontaire du jeûne) après la fête de la fin du mois de Ramadan et avant le Ramadan prochain.

Ceux qui ont rompu le jeûne pour cause de maladie, de voyage, de grossesse, d’allaitement ou d’accouchement ou de menstrues ou de lochies, devront jeûner plus tard le nombre de jours correspondants : c’est ce qu’on appelle, le rattrapage (al-qadâ).

Dans notre doctrine (malikite), l’opinion la plus courante est que la femme qui allaite son enfant, si elle craint pour sa santé ou la santé de son enfant et ne trouve pas une nourrice qui allaitera l’enfant ou si le nourrisson n’accepte d’être allaité que par elle, pourra rompre le jeûne: mais elle devra rattraper les jours manqués (non jeûnés) et faire la Fidya c’est à dire nourrir un pauvre (pour chaque jour manqué). Une autre opinion oblige seulement le rattrapage.

Cas de la femme enceinte: La règle est la suivante : Lorsque la femme enceinte a peur de la dégradation de la santé de son enfant, d’elle-même ou des deux à la fois, elle peut interrompre le jeûne et rattrapera le nombre de jours manqués plus tard.  Si le jeûne est dangereux pour sa vie ou pour celle du bébé ou si elle craint par le jeûne un grand mal pour elle ou pour le bébé: dans ces cas, elle ne doit pas jeûner (il sera interdit pour elle de jeûner) et elle rattrapera plus tard les jours manqués.

Quelques médecins rapportent : La grossesse se divise en 3 étapes: la 1ère étape : les 3 premiers mois lors du développement du fœtus. La 2éme étape : les 3 mois qui suivent. La 3éme étape : les 3 derniers mois de la grossesse.

Lors de la 1ère étape, la femme est tenue de manger car le fœtus en a besoin pour son développement.  Lors de la 2éme étape, la femme enceinte peut jeûner, à condition qu’elle soit bien portante, qu’elle ne soit atteinte d’anémie ou ne souffre de manques de protéines ou d’acides aminés… Ainsi la femme enceinte dans cette phase est tenue de jeûner (sauf si elle rencontre des soucis ou des problèmes et en consultant un médecin honnête). Lors de la 3éme étape, la femme est tenu de manger car dans ce cas le bébé puise directement dans les réserves de la mère, celle ci risque des complications ainsi que son bébé. En effet, le jeûne dans cette phase peut avoir des effets désavantageux sur la formation des différents organes du fœtus.

Notre conseil : Il faut donc un suivi médical et il faut que le médecin (spécialiste sérieux) donne son avis avant que la femme enceinte décide ou non de jeûner en fonction de son état et de celui du bébé.

Cas de menstrues ou de lochies: Il est interdit à la femme de jeûner en état de menstrues ou de lochies. La femme rattrapera ces jours plus tard.

Par contre si ses menstrues ou lochies cessent avant Fajr (l’aube): elle devra jeûner (même si elle ne s’est pas lavée avant Fajr) et ces jours ainsi jeûnés seront évidemment comptés pour elle comme un jeûne valide : même si elle n’a accompli ses ablutions rituelles (Ghusl) qu’après l’apparition de l’aube.

Celui qui croyant l’heure du Maghreb arrivée : celui qui a mangé alors que ce n’est pas le moment, devra cesser immédiatement de manger et poursuivre jusqu’au Maghreb son jeûne (Siâm). Par contre, il sera tenu de rattraper plus tard cette journée (après la fête et avant le Ramadan prochain). Ceci dans le cas : de « ta’wwul qarîb » – c’est-à-dire une interprétation proche de la logique et qui se justifie – dans ce cas, celui qui s’est trompé et a mangé, jeûnera plus tard cette journée sans faire l’expiation.

Celui qui boit ou mange involontairement doit cesser immédiatement dès qu’il se rappelle et continuer le jeûne le reste de la journée: et il fera le rattrapage plus tard.

Pour celui qui mange ou boit involontairement et par oubli, puis se rappelle mais croit qu’il peut continuer à manger car son jeûne est devenu invalide: doit seulement rattrapage.

S’il savait qu’il ne devait pas continuer à manger et qu’il mange comme même: dans ce cas il doit faire le rattrapage et l’expiation.

Celle qui a eu une fin de règle avant Fajr, puis elle se lave après fajr et elle croit (à tord et par ignorance) que son jeûne n’est pas valide et mange: devra seulement rattraper.

Idem pour celui qui croit à tord et par ignorance que sa janâba (pollution nocturne) de la nuit invalide son jeûne puis mange la journée: il rattrapera seulement ce jour sans faire l’expiation.

Ce sont donc des cas d’ignorance et de mauvaises interprétations (possibles et non liées à des mauvaises intentions) (taawwul qarîb).

Cas du voyageur (dans la mesure où ce voyage est licite et nécessite la réduction de la prière : la distance de « qasr »). Dans notre doctrine (malikite) il est préférable pour le voyageur s’il le peut de jeûner (sauf si cela présente une gêne ou une difficulté pour lui).

L’opinion la plus répandue chez les malikites pour le voyageur est : s’il commence son voyage avant le Fajr, il pourra rompre le jeûne (il en fera bien sûr l’intention avant).

S’il sort de chez lui alors qu’il est en état de jeûne, pendant le jour, il ne doit pas rompre son jeûne: mais s’il rompe son jeûne après sa sortie en voyage (pendant le voyage) il fera seulement le rattrapage. Mais s’il rompe son jeûne alors qu’il n’est pas encore sortit (c’est à dire qu’il est toujours chez lui) il faudra qu’il fasse le rattrapage et l’expiation (kaffâra).

S’il a émis l’intention de jeûner pendant son voyage et qu’il rompe son jeûne pendant le voyage sans une raison valable: il fera le rattrapage et l’expiation. L’Imam Mâlik dit à ce propos: le voyageur avait le choix de jeûner ou pas à cause de son voyage, mais comme il a choisi de jeûner il ne pourra sortir de son état de jeûne qu’avec une autre excuse valable(le fidèle ayant annulé lui même l’excuse du voyage). Le voyageur autorisé à rompre son jeûne le rattrapera plus tard.

Cas des malades et des personnes âgés : Celui qui rompt le Jeûne car il lui est pénible de l’observer (par exemple une personne atteinte d’une maladie chronique ou une personne très vieille qui ne peut pas supporter le jeûne) devra (c’est une recommandation) pour chaque jour non jeûné nourrir un pauvre musulman ou verser l’équivalent en argent à ce pauvre : c’est ce qu’on appelle la Fidya . La Fidya (en remplacement du jeûne ou du rattrapage) ne concerne que les personnes qui ne peuvent pas du tout jeûner.

Il est recommandé (sans que cela soit une obligation) au vieillard très avancé en âge, quand il rompt le jeûne, de fournir ladite nourriture (la Fidya). Celle-ci consiste dans tous ces cas en un mudd (le contenu des deux mains moyennes jointes) [de céréales: de la nourriture majoritaire du pays] pour chaque jour de jeûne à compenser.

Cas de négligence de rattrapage : Celui qui a négligé de rattraper le jeûne d’un Ramadan précédent et qui se laisse ainsi surprendre par la vue du Ramadan suivant (tout en étant capable de jeûner), devra en plus du rattrapage faire la Fidya c’est à dire une nourriture à un pauvre (ou lui verser l’équivalent en argent) pour chaque jour manqué.

Quand le jeûne n’est il plus valable ?

1- Quand on mange ou l’on boit ou l’on commet l’acte intime volontairement ou sous la contrainte.

2- Quand on absorbe par voie orale un médicament.

3- Quand on vomit volontairement.

4- Quand on émet l’intention de cesser le jeûne.

5- Si on apostasie.

6- les menstrues ou les lochies pour la femme.

7- l’émission de sperme suscitée par le regard continu, l’imagination, le baiser ou le toucher.

 

Choses à éviter pendant le jeûne 

Il faut éviter le mauvais comportement (colère, mauvaises paroles, mensonges…), car le jeûne est une adoration qui nécessite des convenances à l’égard de Dieu et des créatures.

Toucher sa femme n’est pas recommandé mais si cela provoque une émission de liquide sexuelle c’est harâm « interdit ».

Il n’est pas recommandé le bavardage inutile (al-hadhar) pendant la journée du Ramadan.

Note importante: La kaffâra et la Fidya ne peuvent pas être données aux proches dont nous avons légalement la charge (comme nos parents ou nos enfants).

L’Imâm Mâlik précise que cette Fidya est recommandée sans être obligatoire pour les vieilles personnes qui ne peuvent plus jeûner….

Source :  www.doctrine-malikite.fr

Hégire

hegireL’hégire

 

Le mot hégire (arabe : هجرة [hiǧraʰ], exil; rupture; séparation) signifie en arabe « émigration » ; le sens de « rupture de liens » est parfois rencontré. Il désigne la journée du 9 septembre 622 où se produit le départ des quelques premiers compagnons de Mouhammad de La Mecque vers l’oasis de Yathrib, ancien nom de Médine.

Cet événement crée une rupture fondamentale avec la société telle qu’elle était connue des arabes jusqu’alors. Mouhammad vient en effet de rompre un modèle sociétal établi sur les liens du sang ( organisation clanique), vers un modèle de communauté de croyance.

Dans ce nouveau modèle où tout le monde est frère, il n’est plus permis de laisser à l’abandon le démuni ou le faible, comme cela était le cas avant.

Bien entendu, les clans puissants de La Mecque vont tout faire pour éliminer cette nouvelle proposition de société diminuant leur pouvoir, mais tellement acceptée par les plus faibles.

De par l’importance de cet évènement, le calendrier musulman démarre à cette date, car c’est à cette date que l’oumma , la communauté musulmane, naît officiellement.


Le calendrier musulman ou calendrier hégirien (hijri) est un calendrier lunaire, l’un des rares du monde moderne encore largement répandu.

Ce calendrier est caractérisé par des années de 12 mois lunaires de 29 à 30 jours chacun (pour être précis : 29,53059 jours solaires).

Une année du calendrier musulman est donc plus courte qu’une année grégorienne d’environ onze jours.

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L’Hégire : sens et enseignements, par Moncef Zenati.

Le nouvel an de l’Hégire commémore l’émigration du Prophète (psl) de la Mecque à Médine. Les musulmans, et à leur tête le calife ‘Omar ibn al-Khattab (que Dieu l’agrée), choisirent cette évènement historique pour marquer le début du calendrier musulman.

Leur choix ne fut pas porté sur la naissance du Prophète (psl) car l’islam n’entretient pas le culte de la personnalité, ni sur les victoires décisives remportées par les musulmans à l’instar de celle de Badr ou de la prise de la Mecque.

Le début du calendrier musulman commence par l’hégire car cet évènement marque la naissance de l’état musulman. La période mecquoise fut celle de la préparation des fondations de cet état. L’importance de cette période est comparable à l’importance des fondations pour l’édifice, bien qu’invisible, il supporte toute la construction, et toute défaillance dans les fondations vacille l’ensemble de l’édifice. Pendant, treize années, le Prophète (psl) va construire ces fondations dont l’édifice s’achèvera par l’instauration de l’état musulman à Médine.

A noter que l’Hégire a eu lieu pendant le mois de Rabi’ I et non pas au cours du mois de Mouharram. Mais ‘Omar (que Dieu l’agrée) et les musulmans autour de lui désignèrent l’année de l’Hégire comme l’année de référence pour le nouveau calendrier musulman en commençant l’année par le mois de Mouharram puisque chez les arabes, ce mois est le premier mois de l’année lunaire.

Le sens de l’Hégire :

Le Prophète (psl) dit : « Point d’émigration après la conquête de la Mecque, à l’exception d’un effort dans la voie de Dieu et d’une intention sincère » (rapporté pat al-Boukhari et Mouslim). Ainsi, la prise de laMecque marque la fin de l’émigration physique. Quel sens a donc l’Hégire de nos jours ?

L’Hégire dont il s’agit est un cheminement vers Dieu, à l’instar du prophète Ibrahim (Abraham) (psl) qui dit : « Moi, je pars vers mon Seigneur et Il me guidera » (Sourate 37, verset 99). L’Hégire est donc tout d’abord un voyage spirituel, passer d’un état à un autre, de l’état d’insouciance à l’état d’éveil, de la désobéissance à l’obéissance, de l’ignorance à la connaissance, de l’égarement à la guidance, transcender du niveau de l’islam vers celui de la conviction de foi « al-iman » et de la conviction de foi vers l’excellence de la foi « al-ihsan ». A chaque musulman correspond un état spirituel vers lequel il doit cheminer.

Les enseignements de l’Hégire :

Deux modèles d’hégire se présentent à l’esprit. Celle de ‘Omar (que Dieu l’agrée) qui émigra ouvertement, se présentant devant la kaaba en défiant les notables de la Mecque : « Quiconque veut faire de son épouse une veuve, de ses enfants des orphelins ou quiconque veut que sa mère le perde, qu’il me rejoigne derrière cette colline !! »

L’hégire du Prophète (psl) était au contraire d’une très grande discrétion, méticuleusement organisée, l’exemple même de l’ingéniosité de la planification humaine. Pourquoi tant de précautions alors que Mohammad (psl), en tant que Prophète, bénéficie de la protection divine ?!

L’émigration de ‘Omar (que Dieu l’agrée) est différente de celle du Prophète (psl). En effet, ‘Omar (que Dieu l’agrée) ne représente que sa propre personne. Son choix n’engage en rien les autres musulmans, d’autant plus que pour la plupart d’entre eux, ils n’avaient ni la force ni le courage de ‘Omar (que Dieu l’agrée) pour émigrer ouvertement.

Quant au Prophète (psl), il représente le modèle à suivre. Il aurait bien pu émigrer ouvertement, mais dans ce cas, son choix aurait engagé tous les musulmans qui, en dépit de leurs sexes, de leurs âges ou de leurs forces, auraient été ainsi dans l’obligation d’émigrer ouvertement, ce qu’un grand nombre parmi eux n’aurait pu supporter.

De plus, à travers l’Hégire, le Prophète (psl) a donné à sa communauté une leçon d’organisation et de planification :

1- Pour induire en erreur ses détracteurs, il demanda à son cousin ‘Ali ibn Abi Talib (que Dieu l’agrée) d’enfiler son vêtement dans lequel il dormait habituellement et de dormir à sa place. La ruse du Prophète (psl) a réussi bien qu’elle était susceptible d’être découverte. En effet, un homme qui vit le Prophète (psl) sortir de chez lui dit aux hommes postés devant la porte :

Par Dieu, Mohammad (psl) est sorti devant vous, ne remarquez-vous pas que chacun d’entre vous a de la terre sur sa tête ?! Chacun mit la main sur la tête et réalisa qu’il s’y trouvé effectivement de la terre. Puis, ils regardèrent à l’intérieur et observèrent ‘Ali allongé à la place du Prophète (psl) enveloppé de son habit. Ils dirent alors : Par Dieu, voici Mohammad (psl) entrain de dormir enveloppé de son habit. Ils restèrent alors à leur place jusqu’au matin. C’est alors qu’ils virent ‘Ali se lever et dirent : cet homme nous disait vrai !

En dépit de l’extrême confiance que place le Prophète (psl) place en son Seigneur, cela ne l’a pas empêché de prendre les précautions qui sont de son ressort. D’autre part, au moment où Dieu empêcha la vue du Prophète (psl) en sortant de chez lui et leur imposa le sommeil au point de passer tranquillement devant eux, la volonté divine fit en sorte qu’un homme observe le Prophète (psl) et en informe ses ennemis, et c’est ainsi que Dieu protégea son Prophète (psl), non pas par miracle, mais par le monde des causes à travers la planification humaine.

2- Le Prophète (psl) se présenta chez Abou Bakr (que Dieu l’agrée) à l’heure du midi, au moment de la sieste, où les rues sont désertes à cause de la chaleur, sachant que l’Hégire a eu lieu au début du mois de septembre, le dernier mois de l’été. Ce qui indique l’extrême discrétion du Prophète (psl). Il mit en place avec Abou bakr (que Dieu l’agrée) le plan de l’hégire.

3- Puis, le Prophète (psl) et Abou Bakr (que Dieu l’agrée) sortirent de nuit par une ouverture située à l’arrière de chez Abou Bakr (que Dieu l’agrée), car il est fort probable que la maison d’Abou Bakr (que Dieu l’agrée), en particulier la porte d’entrée, soit sous surveillance étant donné le lien d’amitié qui lie ces deux hommes.

1- Puis, le Prophète (psl) et Abou Bakr (que Dieu l’agrée) sortirent de nuit par une ouverture située à l’arrière de chez Abou Bakr (que Dieu l’agrée), car il est fort probable que la maison d’Abou Bakr (que Dieu l’agrée), en particulier la porte d’entrée, soit sous surveillance étant donné le lien d’amitié qui lie ces deux hommes.

2- Puis, ils se dirigèrent vers la grotte de Thaour à l’opposé de la direction de Médine où les recherches seront certainement concentrées. Cette grotte se trouve dans la montagne du même nom située à environ onze kilomètres de la Mecque et difficilement accessible.

3- Abou Bakr (que Dieu l’agrée) chargea son fils ‘Abdoullah de collecter les informations à la Mecque pendant la journée pour les communiquer au Prophète r de nuit. En effet, la durée du séjour dans la grotte et la suite des opérations dépendent de la connaissance concrète des plans de l’ennemi.

4- Quant à Asma, fille d’Abou Bakr (que Dieu l’agrée), elle assurait l’approvisionnement du Prophète (psl) et d’Abou Bakr (que Dieu l’agrée) en nourriture. Une femme enceinte, dans les derniers mois de grossesse, ne pouvait être soupçonnée de parcourir une telle distance pour escalader une montagne aussi difficile !

5- Abou Bakr (que Dieu l’agrée) chargea son domestique ‘Amir ibn Fahira d’effacer les traces laissées par ‘Abdoullah et Asma à l’aide de son troupeau.

6- Le séjour du Prophète (psl) et d’Abou Bakr (que Dieu l’agrée) a duré trois jours. Cette durée fut étroitement liée aux informations communiquées par ‘Abdoullah. En plus, le prolongement du séjour aurait pu éveiller les soupçons quant aux déplacements de ‘Abdoullah et d’Asma.

7- Malgré la planification minutieuse du Prophète (psl), malgré la ruse et la discrétion dont il a fait preuve, les mecquois finirent par parvenir à la grotte en question. Un homme s’arrêta devant la grotte. « Il nous voit » dit Abou Bakr. « Non » dit le Prophète (psl), les Anges nous protègent des leurs ailes ». Puis, l’homme se mit à uriner dans leur direction. Le Prophète (psl) dit alors à AbouBakr : « S’il nous voyait, il n’aurait jamais fait cela ». Dans la version de al-Boukhari, Abou Bakr dit : « Ô Prophète de Dieu, si l’un d’eux venait à baisser le tête, il nous verrait ». Le Prophète (psl) dit : « Que penses-tu de deux dont Dieu est le troisième ! ». Dieu dit à ce sujet : « Si vous ne lui portez par secours …Allah l’a déjà secouru, lorsque ceux qui avaient mécrul’avaient banni, deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son compagnon : « Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous » Allah fit alors descendre sur lui Sa sérénité « Sa sakina » et le soutint de soldats que vous n’avez pas vus » (Le repentir : 40).

Ainsi, l’attention divine est intervenue une fois que le Prophète r a épuisé tout ce qui relevait de ses capacités humaines. Le Prophète (psl) nous enseigne d’une manière pratique le sens du « tawakkoul », à savoir, entreprendre toutes les causes possibles puis s’en remettre à Dieu. Déployer toute son énergie, tous ses efforts sans pour autant croire que le succès ne soit dû à ces efforts. Les savants disent : « Délaisser les causes est un péché, mais s’en remettre est de l’idolâtrie ». L’effort t’incombe, mais le succès est accordé par Dieu. Dieu te jugera pour ton effort et ta sincérité, non pas pour le résultat, car ce dernier lui appartient.

8- Auparavant, Abou Bakr (que Dieu l’agrée) avait loué les services d’un guide expérimenté, digne de confiance en dépit de son incroyance, un certain ‘Abdoullah ibn Ourayqit. Il lui confia leurs deux chameaux pour les entretenir jusqu’au moment de leur sortie de la grotte. En sortant, ce guide emprunta un chemin en direction du sud, vers le Yémen, avant de se diriger à l’Ouest, vers le Sahel. Puis, dans un souci de discrétion, il prit la direction de Médine en empruntant un chemin secondaire inhabituel, vers le Nord, en longeant la mer rouge.

A travers tous ces préparatifs, toute cette planification minutieuse pour dérouter ses détracteurs, le Prophète (psl) nous apprend deux choses essentielles :

Premièrement, il nous définit le sens du véritable « tawakkoul » et rectifie par la même les fausses conceptions de cet élément fondamental de la foi musulmane qui consistent à croire que le fait de prendre des précautions traduirait un manque de confiance en Dieu et contredirait, par conséquent, la notion du « tawakkoul ». L’évènement de l’Hégire nous démontre qu’au contraire, se lancer dans l’action sans préparation, sans planification ni organisation n’est pas du « tawakkoul » mais de l’inconscience.

Deuxièmement, il nous inculque l’esprit d’organisation et de planification indispensable pour toute action constructive.

« En effet, vous avez dans le Messager de Dieu un excellent modèle (à suivre), pour quiconque espère en Dieu et au Jour dernier et invoque Dieu fréquemment » (Les coalisées : 21)

Moncef Zenati.