Le voile islamique
Le voile apparaît plusieurs fois dans la Bible, ce qui prouve que le voile existait déjà avant l’avénement de l’Islam.
Bible, Genèse, chapitre 29, verset 25 (traduction Louis Segond) :
25. Le lendemain matin, voilà que c’était Léa. Alors Jacob dit à Laban : Qu’est-ce que tu m’as fait ? N’est-ce pas pour Rachel que j’ai servi chez toi ? Pourquoi m’as-tu trompé ?
Pour Odon Vallet, ce passage montre que Jacob n’a pu reconnaître la femme qui lui était donnée car son visage était voilé.
Bible, Nouveau Testament, Première épître de Paul aux Corinthiens, chapitre 11, verset 17 (traduction Louis Segond) :
7. L’homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme.
8. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme ;
9. et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l’homme.
10. C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’autorité dont elle dépend.
11. Toutefois, dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme.
12. Car, de même que la femme a été tirée de l’homme, de même l’homme existe par la femme, et tout vient de Dieu.
13. Jugez-en vous-mêmes : est-il convenable qu’une femme prie Dieu sans être voilée ?
14. La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c’est une honte pour l’homme de porter de longs cheveux,
15. mais que c’est une gloire pour la femme d’en porter, parce que la chevelure lui a été donnée comme voile ?
D’autre part, d’après Odon Vallet, l’obligation de porter le voile pour les filles d’hommes libres et l’interdiction de la porter pour les prostituées est présente dans des lois assyriennes attribuées à Teglath-Phalasar 1er (v. 1000 avant Jésus-Christ).
Sources principales : Odon Vallet, dans un article pour le magazine Le monde des religions n°13, septembre-octobre 2005.
Les différents types de voiles islamiques
Il existe beaucoup de sortes de voiles en fonctions des pays, des traditions, etc.
En voici quelques-uns :
Le Hijab, est le voile qui couvre les cheveux. On le trouve entre autre dans les pays du Maghreb.
Le tchador couvre tout le corps, de la tête aux pieds. Il cache également le visage, la vue ne se fait que part une sorte de grille devant les yeux.
Le Niqab, est un voile léger, posé sur le nez, qui ne dissimule que la partie inférieure du visage.
Ce que dit le Coran sur le voile islamique
Aujourd’hui, la position des religieux sur le port du voile pour toutes les femmes musulmanes n’est pas figée. Le débat porte sur deux points. D’une part il s’agit de savoir qui précisément cette phrase désigne, et d’autre part s’il s’agit d’un conseil ou d’une obligation.
Coran, Sourate 33 :
Traduction de Kasimirski :
57. 0 Prophète ! prescris à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants d’abaisser un voile sur leur visage. Il sera la marque de leur vertu et un frein contre les propos des hommes. Dieu est indulgent et miséricordieux.
Traduction de Jacques Berque :
59. Prophète, Dis à tes épouses, à tes filles, aux femmes des croyants de revêtir leur mantes : sûr moyen d’être reconnues (pour des dames) et d’échapper à toute offense
– Dieu est Tout indulgence, Miséricordieux.
Jacques Berque ajoute cette note : Le port du voile distingue la femme libre (hurra), des femmes de condition inférieure. Plusieurs façons de porter le voile sont indiquées par Tabarî, t. XXII, p. 33, l. 7 sq. On a suivi pour yudnina l’interprétation minimale de Tâhir b. `Ashûr, « revêtent », qui se fonde sur un emploi de Bashshâr. Selon une autre interprétation, plus restrictive, et que pourrait autoriser le min, il faudrait comprendre : « Elles tiennent serré sur elles un pan de leur mante » ce qui semble à Ibn Khatir et à ses successeurs rigoristes imposer que soit couvert le visage. Linguistiquement, julbâb, « mante, cape », se distingue de khimâr, XXIV, 31, « fichu couvrant la tête ».
Hamza Boubakeur utilise dans sa traduction : « ramenez leur voile sur elles ».
Coran, Sourate 24 :
Traduction de Kasimirski :
31.Commande aux femmes qui croient de baisser leurs yeux et d’êtrechastes, de ne découvrir de leurs ornements que ce qui est en évidence,de couvrir leurs seins de voile, de ne faire voir leurs ornements qu’àleurs maris ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, à leurs filsou aux fils de leurs maris, à leurs frères ou aux fils de frères, auxfils de leurs surs, ou aux femmes de ceux-ci, ou à leurs esclavesacquêts de leurs mains droites, ou aux domestiques mâles qui n’ontpoint besoin de femmes, ou aux enfants qui ne distinguent pas encoreles parties sexuelles d’une femme. Que les femmes n’agitent point lespieds de manière à faire voir les ornements cachés. Tournez vos cursvers Dieu, afin que vous soyez heureux.
Traduction de Jacques Berque :
31. Dis aux croyantes de baisser les yeux et de contenir leur sexe ; de ne pas faire montre de leurs agréments, sauf ce qui en émerge, de rabattre leur fichu sur les échancrures de leurs vêtements. Elles ne laisseront voir leurs agréments qu’à leur mari, à leurs enfants, à leurs pères, beaux-pères, fils, beaux-fils, neveux de frères et de soeurs, aux femmes (de leur communauté), à leurs captives, à leurs dépendants hommes incapables de l’acte, ou garçons encore ignorant de l’intimité des femmes. Qu’elles ne piaffent pas pour révéler ce qu’elles cachent de leurs agréments.
Jacques Berque ajoute cette note : « Leurs agréments » : le mot est à entendre non seulement des parures mais des appas corporels. On a renoncé à traduire une suite de 25 pronoms au féminin pluriel. A qui note dans le Coran le caractère personnaliste de ce pronom affixe, la répétition s’avère significative. Le législateur parait ici soucieux de ménager à la femme ce qui fait partie de sa personnalité, en évitant seulement l’exhibition provocante. Si cela est vrai, on est loin des interprétations extensives de la coutume juridique.
Sur les femmes âgées :
Coran, Sourate 24 (traduction de Kasimirski) :
59. Les femmes qui n’enfantent plus, et qui n’espèrent plus pouvoir se marier, peuvent, sans inconvénient, ôter leurs vêtements, sans cependant montrer leurs ornements ; mais si elles s’en abstiennent, cela vaudra mieux. Dieu entend et sait tout.
Le cas de la France
La France et la loi du 15 mars 2004
Après une importante consultation menée par Bernard Stasi, le 15 mars 2004, la France a voté une loi interdisant tout port de signe religieux dans les écoles, collèges et lycées. (voir le texte de loi)
Auparavant, aucune loi ne fixait de cadre aussi rigide, il existait seulement une jurisprudence du Conseil d’Etat. Mais rien n’empêchait un chef d’établissement de laisser entrer des élèves voilées. La « loi du 15 mars » ne permet plus cette souplesse.
Les positions des institutions musulmanes de France
(voir la page des institutions musulmanes)
Le Conseil Français du Culte Musulman CFCM ne s’est pas prononcé clairement sur la loi du 15 mars 2004 ni sur l’interprétation qu’il faut faire des versets du Coran. Une commission devrait être créée pour répondre à la question de l’interprétation du Coran.
La Grande Mosquée de Paris GMP, ainsi que le Comité de coordination des musulmans turcs de France CCMTF et la Fédération française des Associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles FFAIACA ont demandé aux élèves de retirer leur voile ostensible.
L’Union des Organisations Islamiques de France UOIF était d’abord favorable à la loi (fin 2003) mais a finalement écrit une lettre aux musulmans de France les invitant à se présenter à l’école dans la tenue de leur choix, Fouad Alaoui qualifiant cette loi d’inopportune.